L’un des martyres favoris des artistes est celui de saint Sébastien. Tout d’abord représenté sous les traits d’un homme mûr et barbu il a pris progressivement la forme d’un jeune éphèbe attaché à un poteau et criblé de flèches. Même si cette représentation est peu vraisemblable, le chef des gardes prétoriens de Dioclétien ne pouvant être un adolescent, elle a progressivement occulté la première et pour devenir l’une des icônes de la communauté homosexuelle. Parmi les représentations modernes, la plus marquante est certainement celle de George Lois et son portrait de Muhammad Ali en couverture d’Esquire, la plus kitsch, celle de Pierre et Gilles et la plus décalée celle de Keith Haring. Une exposition est consacrée à ce dernier par Le BAM, Musée des Beaux-Arts de Mons (Belgique), intitulée Keith Haring : All-over. Pièce maîtresse de l’exposition : une série de 28 peintures sur plaques métalliques, jamais exposée dans son intégralité, pour un total de plus de 70 mètres de long.
27
avr 09
Lucky Luke en avance sur la Loi Évin à cause de la télévision américaine
En écho à l’affaire des retouches d’affiches présentant Jacques Tati ou Audrey Tautou en Coco Chanel, je lis partout que Lucky Luke a dû lui aussi arrêter la cigarette à cause de la Loi Évin. Une intéressante interview de Morris recueillie par Michel Paquot pour le compte du webzine Cinergie en 1996 nous apprend que si le motif de santé publique est invoqué, la Loi Évin n’y est pour rien. En effet, c’est au moment de l’adaptation de la série pour la télévision américaine en 1983-1984 que Lucky luke a troqué sa cigarette contre un brin d’herbe. L’extrait qui suit réaffirme du même coup les rapports compliqués entre humour et respect du politiquement correct.
“…Cinergie : Lors de l’adaptation de Lucky Luke en dessins animés pour la télévision américaine, vous avez rencontré quelques difficultés avec la censure…
Morris : Tout ce qui est produit pour la télévision et les enfants là-bas doit passer devant une commission de censure très sévère. Encore une fois, sous prétexte que le gosse a tendance à s’identifier au héros, il y a des tas de règles à respecter. J’ai du en priorité supprimer la cigarette, que j’ai remplacé par un brin d’herbe. Il m’était par ailleurs interdit de représenter un groupe ethnique de manière négative. Les Mexicains ne pouvaient plus être dessinés endormis parce que cela insinuait qu’ils étaient paresseux; les Chinois ne pouvaient plus tenir de blanchisserie, mais bien des restaurants; les Noirs ne pouvaient plus être employés comme domestiques et les Indiens ne pouvaient plus parler un mauvais anglais. On a alors fait ce gag de montrer un chef indien parlant un parfait anglais d’Oxford. Comme je ne pouvais pas montrer Lucky Luke d’un côté avec un brin d’herbe, de l’autre avec une cigarette, j’ai définitivement remplacé celle-ci par celui-là à partir de Fingers. Il faut reconnaître que, dans le premier long métrage réalisé en Belgique chez Belvision, il fumait énormément. Suite à la suppression de la cigarette, j’ai d’ailleurs reçu une médaille de l’Organisation mondiale de la santé. »
Photo: DR