avril, 2009


27
avr 09

Lucky Luke en avance sur la Loi Évin à cause de la télévision américaine

© DR

En écho à l’affaire des retouches d’affiches présentant Jacques Tati ou Audrey Tautou en Coco Chanel, je lis partout que Lucky Luke a dû lui aussi arrêter la cigarette à cause de la Loi Évin. Une intéressante interview de Morris recueillie par Michel Paquot pour le compte du webzine Cinergie en 1996 nous apprend que si le motif de santé publique est invoqué, la Loi Évin n’y est pour rien. En effet, c’est au moment de l’adaptation de la série pour la télévision américaine en 1983-1984 que Lucky luke a troqué sa cigarette contre un brin d’herbe. L’extrait qui suit réaffirme du même coup les rapports compliqués entre humour et respect du politiquement correct.

“…Cinergie : Lors de l’adaptation de Lucky Luke en dessins animés pour la télévision américaine, vous avez rencontré quelques difficultés avec la censure…

Morris : Tout ce qui est produit pour la télévision et les enfants là-bas doit passer devant une commission de censure très sévère. Encore une fois, sous prétexte que le gosse a tendance à s’identifier au héros, il y a des tas de règles à respecter. J’ai du en priorité supprimer la cigarette, que j’ai remplacé par un brin d’herbe. Il m’était par ailleurs interdit de représenter un groupe ethnique de manière négative. Les Mexicains ne pouvaient plus être dessinés endormis parce que cela insinuait qu’ils étaient paresseux; les Chinois ne pouvaient plus tenir de blanchisserie, mais bien des restaurants; les Noirs ne pouvaient plus être employés comme domestiques et les Indiens ne pouvaient plus parler un mauvais anglais. On a alors fait ce gag de montrer un chef indien parlant un parfait anglais d’Oxford. Comme je ne pouvais pas montrer Lucky Luke d’un côté avec un brin d’herbe, de l’autre avec une cigarette, j’ai définitivement remplacé celle-ci par celui-là à partir de Fingers. Il faut reconnaître que, dans le premier long métrage réalisé en Belgique chez Belvision, il fumait énormément. Suite à la suppression de la cigarette, j’ai d’ailleurs reçu une médaille de l’Organisation mondiale de la santé. »

Photo: DR


26
avr 09

Qui se souviendra à quoi ressemblait la skyline new-yorkaise avant 2001 ?

La tragédie du World Trade Center en 2001 est pour moi l’image la plus forte de ce début de siècle. Vécue en direct par des millions de téléspectateurs la destruction de ce symbole de New York est elle-même devenue un symbole et a beaucoup d’incidences sur notre lecture des images. Impossible de regarder une banale photographie d’avion survolant une ville sans y penser. Je me souviens d’avoir cherché en 2003 des photos de New York pour le compte d’un client dans un CD d’images libres de droits, j’avais alors été frappé par l’omniprésence des tours jumelles dessinées par Minoru Yamasaki. Il est frappant de comparer a posteriori ce CD avec le résultat d’une recherche sur le site de Gettyimages. Si vous tapez « New York Skyline », vous n’obtenez que très peu d’images où les tours apparaissent. À tel point, que j’en viens à me demander si dans dix ans beaucoup de monde n’aura pas oublié à quoi elles ressemblaient.

Pour éviter cela Ji Lee, Directeur de création du Google Creative Lab à New York a lancé un projet de sauvegarde des logos où figure le World Trade Center dans la fameuse « skyline » new-yorkaise. Le site wtclogo.com rassemble ces logos ou enseignes graphiquement assez disparates mais qui ont pris une valeur de témoignage depuis la disparition de ce symbole de la ville. De nombreuses ressources photographiques existent par ailleurs, qui comprennent également des photos de l’intérieur, en particulier du restaurant « windows on the world ». En voici quelques-unes :


http://manhattan.about.com/od/september11th2001/ig/World-Trade-Center–1970-2001/index.02.htm

http://www.photovault.com/Link/Cities/New/YorkCity/Places/WorldTradeCenter.html